Deux textes, discutés l'un au Parlement français à partir du 13 avril, l'autre au Parlement européen depuis un an, inquiètent les journalistes quant à leur liberté d'exercer leur travail.
Le premier est le projet de loi sur le renseignement, présenté en conseil des ministres le 19 mars et déjà vivement critiqué. Pour Reporters sans frontières, ce projet "fait planer une nouvelle menace sur le secret des sources des journalistes". Cette loi permettrait aux services de renseignement d'intercepter les communications des citoyens et parmi eux des journalistes.
De là à surveiller les échanges de ces derniers avec des sources dont l'identité est censée être protégée, il n'y a qu'un pas. "Il est essentiel que soit prévue une “exception journalistique” au régime de surveillance prévu dans le projet de loi”, exige le président de RSF Christophe Deloire.
L'autre menace potentielle vient de Bruxelles. Vous vous souvenez de l'amendement sur "le secret des affaires" glissé en catimini dans la loi Macron? Après une forte mobilisation des journalistes qui dénonçaient une menace sur la liberté d'enquêter, notamment dans le domaine économique, l'amendement a finalement été retiré le 30 janvier.
Les journalistes - et les lanceurs d'alerte - ont gagné une bataille, mais pas la guerre. Voilà que le secret des affaires refait surface dans une directive discutée au Parlement européen. Le signal d'alarme est sonné par les eurodéputés EELV Pascal Durand et Michèle Rivasi dans une tribune sur Le Plus.
En consacrant elle aussi un secret des affaires défini de manière très large, cette directive pourrait permettre aux entreprises de protéger leurs activités de façon excessive. Et compliquer ainsi le travail des journalistes et la vie des lanceurs d'alerte.
"La liberté de la presse, la possibilité d'enquêter, de divulguer et d'informer sans être poursuivi sont les conditions essentielles d'un État de droit, de même que l'est la liberté pour un salarié de changer d'emploi sans craindre des chantages ou des poursuites." clament les deux députés européens.
Entre les écoutes sur les communications par les renseignements et le verrouillage potentiel des affaires des entreprises, la tâche risque de se compliquer pour ceux qui veulent révéler des informations.
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