C’est le Néerlandais Blendle qui avait ouvert les hostilités en 2014 en créant un « iTunes de la presse », une plateforme proposant les articles papier, de l’ensemble des éditeurs bataves, à l’unité et en mode payant. Une nouvelle ère s’ouvrait alors : plus besoin d’abonnement, fini les « paywalls » et bienvenue au micro-paiement. Une aventure qui s’amplifie aujourd’hui grâce aux 3 millions de dollars investis par le New York Times et le groupe allemand Springer.
Un succès qui suscite des vocations
En 2015, les prétendants sortent du bois et tentent de convaincre les éditeurs francophones de vendre leurs articles à la pièce, via leur système de kiosque : Milibris, Le Kiosk, OneMoreTab, Jol Store… ou MediaID en Belgique, sans compter les projets des fournisseurs d’accès.
En créant une alternative à l’abonnement ou en contournant les murs payants, « ces solutions veulent conquérir une audience plus jeune qui circule horizontalement dans l’information, via les réseaux sociaux et les moteurs de recherche », explique Jean-Marie Charon, sociologue des médias.
Mais voilà, les éditeurs restent méfiants et rechignent à perdre le contrôle de leurs contenus et surtout de leurs lecteurs. En délocalisant la vente et la distribution, ils font une croix sur cette relation privilégiée avec l’audience si précieuse pour obtenir l’argent des annonceurs. Et ce, à un moment où ils sont bien décidés à exploiter les données de navigation des internautes afin de livrer le bon contenu à la bonne audience au bon moment et ainsi faire grimper le prix de la publicité.
Fontaine, jamais je ne boirai de ton eau
Mais ces réticences pourraient bien être mises à l’épreuve par la nécessité de diversifier les sources de revenus. L’accord passé avec Facebook, par neuf poids lourds de la presse mondiale, en est la meilleure preuve. Ils ont tous décidé de publier des articles directement sur les serveurs du réseau social et ils empocheront au passage les revenus publicitaires.
Mais si Facebook a des arguments de taille (gratuité des contenus, volume d’utilisateurs, régie publicitaire performante, savoir-faire sur mobile…), les responsables des plateformes « multi-éditeurs » de monétisation à la pièce eux, en ont peu. Pire, pour être efficace, ils doivent réunir un nombre critique de titres, sans quoi leur offre perdra tout son sens.
Une fois de plus les intérêts des éditeurs, des intermédiaires et des internautes divergent, hypothéquant les revenus des uns et contrariant l’émergence de nouveaux modes de consommation de l’information.
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