Cette question provocante est posée par le site Politico, sur la base d’une étude de deux chercheurs américains. Basé sur l’évolution de 51 grands quotidiens américains sur 20 ans, leur travail tend à montrer que les éditeurs de presse n’ont rien gagné en proposant des déclinaisons numériques du journal papier. Au contraire, ils auraient même gaspillé de l’argent pour une audience qui n’a jamais été au rendez-vous.
Une par une, l’étude démonte les idées reçues :
- Une présence numérique permet de freiner la baisse du lectorat ? Faux, un lecteur print perdu, c’est un lecteur perdu. Et quand il décroche, il se dirige vers les portails gratuits d’information.
- Une audience en ligne en constante augmentation ? Non, depuis le pic de 2011, elle a baissé pour la majorité des titres étudiés.
- Les recettes publicitaires en ligne ? Celles sur papier représentent encore 82% des revenus des journaux.
- Le numérique au service de l’information locale ? Seules 13 marques sur 67 sont leaders en ligne dans leur région.
- Une nouveau souffle journalistique grâce au numérique ? Oui, mais aucun des nouveaux acteurs n’est capable de produire une information aussi riche, précise et diversifiée que les médias traditionnels.
L’étude met aussi en lumière les exceptions que sont le New York Times, le Wall Street Journal et USA Today, qui font partie des rares titres qui sont parvenus à faire basculer leur lectorat print vers leur offre numérique.
Les conseils des chercheurs ?
- Plutôt que d’adapter sans cesse les éditions « print » sur le web, autant créer un nouveau site de zéro, un site audacieux, capable de surprendre et de se démarquer.
- Ecouter davantage ses lecteurs et leur offrir toujours plus de services.
- Arrêter de se poser en victime et cesser de croire que la presse va disparaître.
Finissons par deux citations croustillantes :
« La clé de la presse écrite réside dans son passé, pas dans les smartphones, les iPads ou la réalité virtuelle ».
« La presse écrite peut être comparée à un très bon restaurant à viandes. Quand McDonald’s est arrivé en ville et a commencé à vendre une incroyable quantité de steaks pas chers, la presse écrite a pensé : ‘entrons en concurrence’ et a échangé ses bonnes pièces de viande contre des hamburgers, même si elle n’avait pas de savoir-faire nécessaire. Ce qu’elle aurait dû faire, c’est produire de meilleurs steaks qu’avant. »
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