Depuis sa mise en ligne il y a quelques semaines, le Decodex a fait couler beaucoup d'encre. Et bon nombre des critiques adressées à l'initiative du Monde semble quelque peu poussives.
Parmi le florilège de ces attaques, on retrouve pêle-mèle les habituelles références au 1984 d'Orwell comme les sempiternels cris d'orfraie face au système bien-pensant. C'est aller bien vite en besogne pour l'enseignant-chercheur Olivier Ertzscheid, qui rappelle que le Decodex est juste un outil de contextualisation. Ni plus, ni moins.
Par extension, personne n'oblige qui que ce soit à l'utiliser et/ou à le croire, son échantillon de sites comme ses critères de catégorisation restent perfectibles et son fonctionnement est transparent. On est quand même assez loin de la propagande universelle estampillée Big Brother !
Lien
- Le #decodex ? Pas de quoi fouetter un Fake, sur le blog Affordance.info
Tout dépend de ce que vous désigner par Decoder.
S’il ne s’agit que de l’outil de diffusion contextuelle d’information, c’est sur cette diffusion qu’il faut se pencher : ce qu’elle apporte à l’internaute citoyen-consommateur, ce qu’elle recelle comme danger et inconvénients etc. « Un outil ni plus ni moins » est déjà contestable ici mais pourquoi pas.
En l’occurence, vous signalez que l’outil est transparent en envoyant vers le code source ouvert, vous ne parlez que de l’outil de diffusion mais pas du dispositif dans son ensemble.
Mais pour le dispositif cela ne suffit pas du tout pour être transparent ! Dans un média, le principe de base de transparence c’est la transparence éditoriale ! C’est le seul gage de votre indépendante. Sur ce point les auteurs du Decodex ferment la porte.
Si maintenant vous désignez par Decodex l’ensemble du dispositif et sa mise en oeuvre, notamment le mode de classement et les pastilles de couleur, les critiques sont fouillées? Et mérite plus que 10 lignes pour les balayer d’un revers de la main et le billet que vous signalez qui signale que l’outil: » s’adresse en priorité à des publics ‘en formation’ » et ne s’étonne pas que cette formation soit dogmatique, sans donner une seule fois à la contradiction, au doute, au pour et au contre d’entre dans le jugement.
Pour des critiques précises, voyez notamment : https://www.les-crises.fr/le-decodex-du-monde-decode-du-travail-de-pro/ (non signalé dans le mindmap)
et ce billet de Lordon sur le métier de journaliste et le mythe de la neutralité (qui s’applique d’ailleurs à votre titre un outil ni plus ni moins): https://blog.mondediplo.net/2017-02-22-Charlot-ministre-de-la-verite . Si ces billets ne générent ne serait-ce qu’une remise en question au delà du « ah mais c’est qu’un outil », c’est à désespérer.
Bonjour,
Je fais vite parce que nos temps respectifs sont précieux.
Je vous trouve bien imprécis sur ce que vous désignez par « dispositif ». Entendez-vous par là qu’il y a duplicité dans la ligne éditoriale du Monde ? Sa simple lecture ne suffit-elle pas à s’en faire une opinion ? Qu’apporterait de plus la « transparence éditoriale » que vous réclamez ? Mystère…
Petite parenthèse au passage : si vous avez lu le petit fichier « LICENSE » fourni sur Github, il ne vous aura pas échappé que le Decodex est en licence GNU. Dit autrement : l’Open Source ce n’est pas simplement la transparence, mais aussi la réutilisation et surtout la modification du code source par qui le souhaite. Quitte à paramétrer son propre classement dans le cas qui vous préoccupe !
Enfin, ce n’est pas parce qu’on écrit des pavés que ces pavés sont bons, et dans son dernier opus je trouve que M. Lordon fait fausse route. Cela en arrive au point où je me demande ce qu’il pense de Wikipedia, où la validation d’articles se fait (roulement de tambours)… par une évaluation collective de leurs sources.
Je ne peux que vous inviter à consulter les historiques de certaines pages, vous constaterez que ce processus nourrit parfois d’âpres débats et/ou guerres d’édition jusqu’à une version stable !
Une fois tout cela dit, le propos de l’article présenté plus haut ne change pas d’un iota.
Pour répondre à vos questions et compléter car il y a quelques incompréhensions :
– Dispositif cela veut dire l’ensemble du Decodex, pas simplement le fait de diffuser de façon contextuel. Le fait même de tenir un classement des sites avec des pastilles est une partie différente de cette information contextuelle. Evidemment en venant le afficher sur le territoire d’un autre site, cela génère des réactions fortes.
Autrement dit, le Decodex n’est pas QU’un outil de contextualisation, contrairement à ce que vous affirmez en reprenant un autre article.
– C’est très bien pour la réutilisation que ce soit une licence GNU, mais il y a quiproquo, ce n’est pas du tout la question soulevée. La question soulevée est celle de la transparence.
– La transparence éditoriale permet au lecteur de comprendre le pourquoi du comment. Elle permet à d’autres journalistes de fournir de nouveau éléments… comme sur Wikipedia justement que vous citez. On ne demande pas aux Decodeurs de faire du wikipedia, mais d’expliquer pourquoi quel est le pour et le contre de chaque classement, de ne pas fermer à une conclusion dogmatique.
– Sur la NEUTRALITE des OUTILS ou de la TECHNOLOGIE, je vous propose de lire cet article : https://bancduvillage.wordpress.com/2014/03/18/59/
Cela vous aidera à saisir pourquoi sire ‘un outil ni plus ni moins’ est en général une erreur. J’ai essayé plus haut de vous l’expliquer pour le cas présent.
D’ailleurs cela a tendance à confirmer ce que dit Lordon : il y a un vrai manque de culture critique dans la profession de journaliste sur cette question de la neutralité, que ce soit la neutralité journalistique ou la neutralité de l’outil.
– Concernant Lordon et Wikipedia, je ne vois pas ce qui dans son propos vous fait penser qu’il n’apprécie pas l’évaluation collective des sources. Au contraire, il me semble qu’il reproche justement aux Decodeurs de fermer la porte sur les discussions qui ont amené à mettre une pastille de telle ou telle couleur ainsi que les commentaires. Donc votre invitation à lire les débats derrière les pages Wikipedia est à transmettre aux amis du Décodex. Peut-être que vous arriverez à discuter avec eux, ce que n’a pas réussi Olivier Berruyer (malgré ses tentatives, voir par exemple http://www.les-crises.fr/scandale-un-fake-etait-la-source-du-monde-pour-pourrir-ma-reputation-fake-invente-par-bruno-zeni-sur-lemonde-fr/ )
Bonjour !
Je réponds encore une fois dans la foulée, et ce sera la dernière parce qu’après plus de deux réponses j’estime qu’on risque très franchement de tourner à vide. Libre à vous de fermer le ban ou pas, donc !
Vous bottez divinement en touche sur la question de la licence GNU, en restant vissé sur la seule transparence. Or, je suis désolé de vous le répéter : l’Open Source ce n’est pas seulement ça. C’est aussi le partage et la réappropriation par qui le souhaite. Notamment dans un souci d’amélioration.
Peut-être n’est-ce pas dans votre culture, ou dans celle de M. Lordon, ou de M. Berruyer, mais rien ne vous interdit de télécharger le code source et de le modifier. Par exemple pour changer le système de validation et le rendre équivalent à celui de Wikipedia.
Et d’ensuite mettre à disposition votre création (basée donc sur l’outil qui n’en est pas un tellement honni) avec la même licence et sur les mêmes canaux. Et vous verrez très vite que la «meilleure» version sera la plus plébiscitée.
Et encore une fois : ça ne fait pas bouger d’un iota le propos initial.
Ce que vous dites sur l’Open Source est assez évident pour moi, et je pense aussi pour Lordon et Berruyer. A nouveau c’est très bien GNU, la réutilisation, la réappropriation, mais ça n’est pas ce qui est reprocé au Decodex. Personne ne lui reproche d’être un outil open source. Et inversement il est illusoire de penser que open source et GNU met fin à toute critique.
PS : Vous êtes têtu, votre souci semble effectivement être de ne paas bouger d’un iota et non de discuter : vous avez répondu dans le seconde sans prendre le temps de lire le lien sur la neutralité technique !
Bon, puisque vous m’interpellez… Vous êtes bien aimable mais j’ai lu l’article sur les outils. Il ne vous aura pas échappé qu’on est plus à l’époque des silex et des premières moissonneuses, ce qui induit quand même quelques changements, même si des schémas décrits dans ce que vous m’avez envoyé s’y appliquent.
Evidemment que les GAFA mettent à disposition des outils reflets d’une idéologie économique typiquement états-unienne, mais :
Donc, la question essentielle n’est pas la neutralité supposée ou non des outils numériques, mais leur maîtrise. Avec un marteau, l’utilisation et la maîtrise de l’outil se confondent. Ce n’est pas le cas avec de nombreux services en ligne.
Par exemple, si j’utilise Facebook en postant quelque chose dessus, ai-je vraiment conscience que ce contenu ne m’appartient plus vraiment et du chemin qu’il va emprunter auprès de régies publicitaires hors du service ?
En prolongement de ça, la licence GNU n’interdit pas tout critique. Elle en est au contraire le point de départ puisqu’elle permet de récupérer la maîtrise ! Si les rouages des GAFA étaient en Open Source, sans doute que la protection de la vie privée serait prioritaire plutôt que les revenus générés par la pub.
Et pour avoir bossé quand même dans quelques rédacs (contrairement à vous d’après ce que je lis), cette culture de l’Open Source est très très loin d’être monnaie courante. C’est une évolution en comparaison de l’ancien modèle.
Donc, énième fois fois et j’avoue je suis au moins autant têtu que vous : ok le Décodex est critiquable, mais pas plus que n’importe quel outil (en licence libre, allez je complète un peu) !