C’est devenu la grande messe du journalisme de données. Les Data Journalism Awards 2017 ont été décernés le 22 juin dernier à Vienne, à l'occasion du GEN summit. L’occasion de faire le point sur les dernières tendances d’un exercice journalistique qui s’ancre dans les rédactions.
Premier constat, la concurrence était rude cette année avec 573 projets déposés, provenant de 51 pays sur les 5 continents, et une percée remarquée des candidats asiatiques (20% des projets).
Dans un concours qui reste dominé par les anglo-saxons, peu de projets français figuraient parmi les 69 shortlistés cette année par le jury, en dehors des Décodeurs du Monde, dans la catégorie meilleur site de datajournalisme, et d’un projet de Ouest-France sur les parrainages des candidats à l’élection présidentielle. Ce projet a été réalisé en collaboration avec étudiants de L’Ecole de Design et de Polytech à Nantes lors d’un atelier HybLab et nous en sommes très fiers à Ouest Médialab 🙂
Calendrier électoral oblige, beaucoup de projets ont été réalisés cette année autour des élections qui reste un thème de prédilection pour le datajournalisme. Outre la galaxie des candidats à la présidentielle française, on pouvait aussi explorer les soutiens républicains qui gravitent autour de Donald Trump grâce à un projet très visuel de l’équipe du Guardian.
Le projet qui a remporté le grand prix 2017 porte quant à lui sur un sujet inattendu : la "graphics team" du Wall Street Journal a analysé et visualisé les paroles et le phrasé de Hamilton, la comédie musicale qui cartonne à Broadway. Voilà qui prouve, s’il en était encore besoin, l’étendue des sujets qui sont aujourd’hui à la portée des datajournalistes. Les données sont partout et avec un peu d’imagination, il n’est pas compliqué de sortir des sentiers battus de l’analyse des statistiques publiques.
Une grande tendance se dégage des projets sélectionnés cette année : le retour à des datavisualisations simples et efficaces (courbes, graphiques en barre, treemaps...) et l’intégration de ces graphiques ou cartes dans des récits en long format, mêlant photos et vidéos. Dans ce reportage sur les migrants en Europe du Washington Post, cette enquête d’AlJazeera sur les maisons démolies à Jérusalem Est ou encore ce récit très séquencé et linéaire du journal local Tampa Bay Times sur l'utilisation des armes à feu par la police à l’encontre des noirs en Floride, c’est l’info qui prime. On est loin des datavisualisations exploratoires et complexes souvent proposées il y a 5 ans. De là à annoncer la mort de l’interactivité, il y a un pas que certains franchissent déjà.
Pour conclure, une suggestion à l’attention des organisateurs des Datajournalism Awards : intégrer l’an prochain une catégorie sur le data motion design qui a le vent en poupe et dans lequel quelques Frenchy excellent, comme l’équipe de Data Gueule, qu’on ne présente plus et qui aurait bien mérité une distinction, non ?
Mise à jour (28/06/2017) : on me dit dans l'oreillette que Data Gueule a déjà été distingué aux Datajournalism Awards en reportant le prix du public en 2015.
Liens :
- Les projets primés cette années aux Data Journalism Awards
- What the DJA 2017 entries teach us about the state of data journalism
- The death of interactive infographics ?