Faut-il ou ne faut-il pas traiter cette info insolite, cette info superficielle, ces faits anodins mais pousse au clic, qu'on voit fleurir sur les réseaux sociaux, rebondir et se reproduire, de page web en page web, de site en site, de média en média ? La question a fait couler les pixels.
Pour André Gunthert, enseignant-chercheur en histoire visuelle, maître de conférences à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, le chaton mignon "symbolise un comble de la vacuité et de l’insignifiance dans le nouvel univers qu’impose une économie de l’attention globalisée et non hiérarchisée".
Mais l'universitaire prend la défense de ce symbole du vide dans un article de son blog. Pour lui, le partage des chatons mignons sur Internet ne doit pas être dénigré :
[...] les chatons et autres divertissements servent à maintenir l’activité du canal, ou à former les nouveaux utilisateurs. Les pointer du doigt au titre d’une hiérarchie de l’information défaillante, c’est ne rien comprendre à la nouvelle économie médiatique et à notre capacité de nous y inscrire, en bousculant les schémas établis.
Bref, lorsqu'il n'y a rien à dire, le chaton mignon sert à remplir l'espace, à le faire vivre, à en inculquer le mode d'emploi aux béotiens. Et ce serait grâce au chaton mignon qu'Internet serait mobilisable lorsque les circonstances l'impose. Plutôt qu'opposer les contenus, André Gunthert suggère que l'un ne pourrait être sans l'autre. Ce qui est considéré comme sérieux ne pourrait trouver sa place si l'effort nécessaire au maintien du système n'était pas porté par la grâce du chaton mignon.
De quoi alimenter la réflexion des rédactions qui choisissent ces sujets légers alors même que d'autres pourraient trouver leur place. Ne serait-ce pas grâce au chaton mignon que le lien reste tendu entre le lecteur et le média et qu'il est bien là, solide, lorsque l'information la plus brûlante nécessite qu'il soit mobilisable.
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