BellingCat, le site de journalisme d'investigation connu pour ses enquêtes participatives basées sur les réseaux sociaux et sur les données disponibles en source ouverte, vient de publier un petit mémo expliquant quelques techniques, trucs et astuces permettant d'enquêter sur des affaires de corruption en mode OSINT/ROSO (Open Source INTelligence, ou Renseignement d'Origine Source Ouverte en VF).
On peut déjà tenter de se la jouer #PanamaPapers, et utiliser les bases de données, comme celles compilées par l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP, une ONG anti-corruption). Ça prend du temps, c'est pas forcément très sexy, mais on peut aussi partir des réseaux sociaux, et plus particulièrement des photos qui y sont postées.
Le jour de son mariage, Dmitry Peskov, le secrétaire de presse (porte-parole) de Vladimir Poutine, avait ainsi été pris en photo arborant une montre coûtant plus de 600 000$, alors qu'il déclarait ne gagner que le quart d'une telle somme. Natalia Sergunina, député-maire de Moscou, arborait quant à elle un des bijoux de Van Cleef et Arpels coûtant 42 300$, soit la moitié de son salaire annuel. Alexeï Navalny, qui lutte contre la corruption en Russie, a identifié des dizaines d'autres oligarques russes affichant ainsi publiquement le fait qu'ils gagnent (ou reçoivent) bien plus que ce qu'ils déclarent, dans ce que Buzzfeed a qualifié de Poutine Bling Ring.
Une autre technique utilisée est de suivre les gosses de riches (ou leurs femmes) sur Instagram ou Facebook, ce qui permit aussi à Navalny de découvrir que Dmitry Peskov avait fait son voyage de noces sur un navire de luxe loué 426 000$ la semaine, et à l'OCCRP de révéler que l'un des proches conseillers de Poutine possédait, ou utilisait régulièrement, un navire de luxe estimé à 190M$, plus 19M$/an de frais, et loué 1M$/semaine. Entre autres.
Source : How to Uncover Corruption Using Open Source Research