"L'important n'est plus que les histoires soient vraies, mais que les gens cliquent !" écrit Hubert Guillaud dans internet actu, faisant lui-même référence à un article de Katherine Viner, rédactrice en chef du Guardian, pour qui "l'ère des faits" est révolue.
Un constat dont s'emparent les médias de façon schizophrénique, la stratégie de diffusion des contenus via des plateformes dont nous ne maîtrisons pas les ressorts étant contradictoire avec la mission (auto-proclamée ?) de hiérarchisation du journaliste.
En ligne, la diffusion des articles est effectivement largement dépendante des algorithmes des réseaux sociaux, qui décident selon de multiples critères plus ou moins obscurs le "qui voit quoi".
Au point, comme l'affirme Katherine Viner, qu'"au lieu de renforcer les liens sociaux, d’informer ou de cultiver l’idée qu’informer est un devoir civique et une nécessité démocratique, ce système crée des communautés clivées qui diffusent en un clic des mensonges les confortant dans leurs opinions et creusant le fossé avec ceux qui ne les partagent pas."
Les médias, confrontés à la problématique de l'audience, perdent la main sur la diffusion tout en criant "haro sur les réseaux" - cf notre édito.
Dans son article "La propagande des algorithmes, vraiment ?" Hubert Guillaud énonce quelques pistes pour contourner ce contexte poisseux.
La vérification des faits comme base de travail...
Sur le Brexit, sur les propos de Trump, sur les migrants : le travail de fact-checking est effectué, mais il est toujours dépassé par le marketing et la viralité de la fausse information.
Pour autant, impossible pour les médias de ne pas se positionner sur la vérification.
… mais seuls les journalistes ne pourront pas lutter !
Acceptons de nous faire aider par des compétences externes, afin d'améliorer notre quotidien.
Cela commence par la lecture de bonnes pratiques et une meilleure utilisation des outils, avec des initiatives comme First Draft News. En anglais, le site propose aux journalistes de partager leurs techniques de reportages, de vérification, leurs outils, et il diffuse largement les bonnes pratiques.
Des entreprises technologiques externes aux médias peuvent aussi apporter des solutions / possibilités.
Enfin, ajoutons aux propos d'Hubert Guillaud, que nous, journalistes, avons notre part de responsabilité. Si dans l'ensemble nous essayons de répondre à nos exigences de qualité, nous nous abandonnons parfois à la facilité du buzz.
Comme l'énonce parfaitement un commentaire sur ce post Facebook qui agite réseaux sociaux et quelques médias en cette fin septembre : "Ce n'est pas du journalisme, c'est du réseau social amplifié : le journaliste ne vérifie rien, et publie".
Liens :
La propagande des algorithmes ? Vraiment ?
First Draft news : ressources pour la collecte et vérification journalistique