On voit rarement buzzer des extraits audio (contrairement à ce qui se passe pour la vidéo). Des raisons techniques expliquent cela, mais pas seulement. Et si la vocation de la radio n’était pas de devenir virale ?
Dernier des médias traditionnel à prendre la vague internet après la presse écrite et la télé, la radio semble un peu sur une autre planète. Certes, on peut écouter la radio en ligne depuis des années, mais les mouvements de partage en ligne et les phénomènes de viralité que peuvent connaître les contenus texte, vidéo ou photo ne se retrouvent pas pour de l’audio. Même les chats qui font “miaou” ne buzzent pas.
L’audio aurait-il un statut numérique à part ? Dans un article publié sur Digg.com et intitulé “Pourquoi l’audio ne devient jamais viral ?”, Stan Alcorn constate que lorsque les radios produisent des contenus viraux, il s’agit de vidéos [en France, celles de certains invités ou des humoristes de la station, par exemple]. Et l’auteur de l’article de citer un producteur de radio américain, Nate DiMeo: “si vous mettez en ligne l’émission la plus incroyable —littéralement la plus incroyable depuis que l’humanité la capacité de produire des récits—, cette émission n’aura jamais autant de clics qu’une vidéo d’un chat avec une moustache”.
On écoute la radio avec les mains occupées à faire autre chose: difficile de “liker”
Première explication: on écoute la radio quand on est en train de faire autre chose et qu’on a les mains occupées (en voiture, en faisant la cuisine, la vaisselle, sous la douche, etc). Dans ces conditions, il est difficile de se saisir de son téléphone pour partager un contenu sur Twitter ou Facebook.
Deuxième explication: on peut survoler un contenu vidéo en voyant apparaître les images arrêtées des différentes séquences alors que ce dispositif n’existe pas en audio. Ce qui oblige à écouter l’intégralité du son ou à naviguer à l’aveugle.
L’audio n’est pas viral, mais si on y regarde de plus prêt, il existe des exceptions. En France, les enregistrements dévoilés par Mediapart dans l’affaire Bettencourt ont bel et bien connu un succès d’audience*. Lorsque des preuves audio existent dans une affaire qui fait l’actualité, alors la viralité propre au web peut s’appliquer.
Apple a développé l'usage de l'audio avant de le ralentir
Apple a sans doute aussi joué un rôle en popularisant le podcast au début des années 2000 lorsque la firme de Steve Jobs a lancé iPod mais en l’enfermant derrière la barrière d’iTunes et la nécessité d’y créer un compte.
Avec l’arrivée de Soundcloud (le Youtube du son), la donne a semblé changer, mais le succès de Soundcloud repose avant tout sur la musique et pas sur les émissions de radio. Reste quelques tentatives réussies de création de contenu audio viral, mais elles sont rares.
“L’audio n’est pas viral et c’est peut-être une bonne chose”, s’exclame Ethan Zuckerman, prof au MIT (Massachussets Institute of Technology). L’enseignant raconte qu’il interroge ses étudiants sur leurs pratiques en matière d’information et il constate avec surprise que c’est via la radio qu’ils entendent le plus d’infos internationales et le plus d’infos qui les surprennent. Le fait que les auditeurs soient en train de faire autre chose en écoutant la radio les prive de la possibilité de choisir les infos auxquelles ils sont confrontés, poursuit Zuckerman. La radio est selon lui, l’outil privilégié de la sérendipité parce qu’elle réduit les choix possibles.
Si la radio de qualité doit devenir virale, c’est plutôt à la manière des “mooks” qui proposent des récits longs et de qualité ou de ces textes longs (baptisés “longreads”) qui connaissent régulièrement de beaux succès.
Cette idée de sélection de contenus audio de qualité, elle vient d’être mise en oeuvre aux Etats-Unis sur le site Radiotopia qui propose des émissions de grande qualité rassemblées là, quel qu’en soit le producteur.
Liens:
*Ces enregistrements ont dû être retirés du site Mediapart par décision de justice mais ils sont toujours écoutables notamment sur le site de Reporters sans frontières.
La radio est en avance sur tous les autres supports et émetteurs d’info.
1/ Il suffit d’avoir travaillé à la radio pour comprendre le breaking news, la course de vitesse, le flash et la suite…
Le journaliste de radio sait déjà écrire web avant le web.
2/ Pour comprendre que le même éditeur doit offrir la news et la réflexion, le flash puis le débat, la chronique de l’expert, etc. On fait ça depuis toujours.
3/ Pour ne pas craindre le voisinage avec « l’intertainment »… et l’infotainment… le jeu, la musique, l’environnement ludique, publicitaire, de bon ou de mauvais goût.
4/ Pour avoir compris l’importance du retour du public, à travers les conversation futiles ou profondes. La radio est le premier des réseaux sociaux de l’histoire des médias.
Conclusion: quelle importance qu’elle n’ait pas besoin de s’adapter puisqu’elle l’est déjà ! Qu’elle n’ait pas besoin de buzzer puisqu’elle entretient avec l’auditeur un lien physique que personne ne remplacera.
Avant le « viral » il y avait le bouche à oreille.
Yes It’s a good thing!